samedi 7 mars 2015

Pourquoi la salle....


Athlé La salle, qu'est-ce que ça change ?

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En indoor, il n'y a pas que des épreuves raccourcies pour s'adapter à la taille des salles. Ce sont des épreuves à part entière, moins en vue, certes, mais tout aussi intéressantes d'un point de vue technique, tactique et physique.

Des enjeux techniques différents

Sur le 60m :
Pour rappel, sur 100 m, la phase de poussée dure environ jusqu’aux 30 mètres. Ensuite, c’est la recherche de vitesse maximale, atteinte autour des 60 mètres. Et à partir des 80 mètres, les sprinteurs n’accélèrent plus, ils décélèrent progressivement. Sur 60 mètres, la phase de poussée n’en est pas réduite pour autant. Les athlètes ont le buste penché vers l’avant jusqu’à mi-course et doivent ensuite atteindre leur vitesse maximum bien plus rapidement. C’est là, en général, que les gabarits puissants et explosifs s’épanouissent.

Le départ compte beaucoup dans cette discipline exigeante. De nombreux athlètes s’exercent sur 60 m pour améliorer leur mise en action, comme Christophe Lemaitre, qui ne brille pas vraiment dans ce secteur. D’autres sont particulièrement taillés pour la salle. Le Britannique Richard Kilty, devenu champion du monde du 60 m à Sopot l’an passé en 6’’49, n’a pas encore fait mieux que 10’’10 sur 100 m.

Sur le 60 m haies :
La donne change aussi sur les haies, même si les intervalles entre le départ et la première haie et ceux entre les haies sont les mêmes que sur le 110 m haies pour les hommes et le 100 m haies pour les femmes. Seule change la distance entre la cinquième et dernière haie et l’arrivée. Le départ doit donc être aussi explosif. Il y a ceux qui capitalisent sur une mise en action canon, et luttent pour garder leur vitesse dans les intervalles, et ceux qui produisent de la vitesse et du rythme au fur et à mesure du passage sur les obstacles. Dans la catégorie spécialiste de l’indoor, on peut citer l’Américain Omo Osaghae, champion du monde 2014, qui plafonne à 13’’23 en été.

Sur le 400 m :
En salle, le 400 m n’a rien à voir avec la version du tour de piste estival. Les athlètes font deux tours et courent en peloton à partir des 200 premiers mètres. Les départs, donnés dans le virage, et le rabattement en font une épreuve bien plus spectaculaire, qui correspond davantage aux bons partants. Il suffit de se rabattre en tête et d’avoir suffisamment de caisse pour gagner.

Les petits gabarits nerveux sont avantagés pour se faufiler dans le peloton et s’adapter, voire créer des changements de rythme, qui sont le sel de cette discipline. C’est aussi pour cette raison que les chronos en salle sont toujours bien plus élevés qu’en plein air. Le record du monde en salle est de 44’’57 pour Kerron Clement contre 43’’18 pour Michael Johnson en été. La physionomie de la course, beaucoup plus animée que le simple tour de piste, en fait une épreuve à part.

Des gabarits plus appropriés ?

Dans une salle plus petite avec des distances plus courtes, on a tendance à penser qu’un gabarit plus réduit aura plus de succès. Vrai ou faux? Sur 60 mètres, c’est Maurice Greene, 1,76 m, qui détient le record du monde avec 6’’39. Derrière lui, au bilan tous-temps, pointe un autre Américain, Andre Cason : 1,70 m, 6’’41. Dwain Chambers (3e avec 6’’42) et Bruny Surin (5e avec 6’’45), qui mesurent tous deux 1,80 m, viennent modérer la tendance des gabarits trapus dans le top 5. Cette saison, au bilan mondial, les morphotypes ne sont pas aussi ramassés. Du haut de son mètre 77, Kim Collins domine avec 6’’47, mais le musculeux Ryan Bailey, 1,93 m, occupe la deuxième place avec 6’’50. Il fait tout de même figure de colosse à côté du Canadien Akeem Haynes, 3e des bilans (6’’51), qui mesure seulement 1,68 m.

Sur 400 m, le Costaricien Nery Brenes, qui ne brille qu’en salle (champion du monde 2014), mesure 1,74 m. Chez les femmes, sur 60m, cet argument ne se vérifie pas aussi aisément. La Russe Irina Privalova, qui détient le record du monde en 6’’92, mesure 1,74 m. Derrière elle, il y a la tonique Gail Devers (6’’95), 1,60 m de muscles, puis Marion Jones (1,78 m) et Merlene Ottey (1,75 m), qui ont toutes brillé en plein air.

Des conditions météo toujours neutres

C’est le principal avantage de la salle. Il n’y aura pas de pluie pour rafraîchir les muscles ni de vent pour bouleverser les courses d’élan. La vitesse et la direction du vent ont une grande importance dans quasiment toutes les disciplines de l’athlétisme. C’est surtout dans les sauts qu’il peut tout changer. Renaud Lavillenie est particulièrement performant en indoor car il maîtrise au moins un des paramètres fondamentaux de la performance.

Le recordman du monde du saut à la perche n’a plus qu’à se concentrer sur le choix de sa perche, ses marques, le réglage des poteaux et sa technique, bien sûr. Sur ses onze concours à plus de six mètres, il n’y en a que deux en extérieur. La possibilité de battre des records est donc plus grande l’hiver. Seule la forme des athlètes, pas toujours optimale à cette période de l’année, est un frein.
Annabelle ROLNIN

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